Des diverses sortes de cabinets où l'on rassemble des objets d'Histoire
Naturelle
On est fondé à supposer que des motifs forts différents dans leur objet peuvent
donner lieu à la formation d'une collection d'histoire naturelle ; car, bien des
collections de ce genre diffèrent entre elles par leur ordre et leur composition
d'une manière bien remarquable.
On voit, en effet, souvent des collections d'histoire naturelle dont l'objet, en
quelque sorte, est de former spectacle et peut-être d'offrir une idée de la
richesse et du luxe du propriétaire. Tout s'y montre dans l'état et dans l'ordre
les plus convenables pour la décoration et l'agrément. On n'y met en évidence
que les objets bien décorés ou d'une forme agréable. On les range
symétriquement, et on forme partout des contrastes propres à produire de
l'effet. Les individus d'une même espèce sont répétés et souvent
considérablement multipliés si par leur beauté, ils peuvent concourir à
l'embellissement du cabinet. On va même jusqu'à mutiler les objets, lorsque par
ce moyen on peut les rendre plus propres à flatter la vue, ce que prouve le
détestable usage de dépouiller les coquilles. Dans ces sortes de collections on
n'a nullement en vue les progrès de l'histoire naturelle ; aussi les objets n'y
sont connus qu'empiriquement et sous des noms vulgaires ou barbares.
Or, je dis que les collections telles que celles que je viens de mentionner, ne
sont utiles à rien ; qu'elles constituent de simples cabinet de curiosités, et
non de vrais cabinets d'histoire naturelle avantageux aux progrès des sciences
et propres à répandre des connaissances utiles.
|